3e correction du Rhône - Résultats de l’analyse sur le projet
En novembre 2022, le Département de la mobilité, du territoire et de l’environnement a lancé une analyse pour déterminer si le projet de la réalisation de la 3e correction du Rhône (R3) tel que défini à ce jour était le plus approprié pour répondre aux défis et besoins, actuels et futurs. Depuis le lancement du projet il y a plus de 20 ans, ceux-ci ont en effet fortement évolué. Le rapport met en lumière des objectifs sécuritaires surestimés qui conduisent à un projet disproportionné ayant un impact considérable sur la plaine du Rhône et sur les coûts. Par conséquent, les éléments de base du projet de la 3e correction du Rhône doivent être revus afin de développer un projet intégrant une conception contemporaine de la sécurisation et de la revitalisation du cours d’eau.
Une analyse sur le projet de la 3e correction du Rhône a été lancée par le Département de la mobilité, du territoire et de l’environnement en novembre 2022 faisant écho aux préoccupations du Grand Conseil, notamment via le postulat urgent « Quelle vision politique pour Rhône 3 ». L’analyse devait déterminer si le projet tel que défini à ce jour est le plus approprié pour répondre aux défis et besoins actuels et futurs.
Au terme d’investigations approfondies menées par la société E-AS SA à Lausanne, l’analyse montre que les objectifs sécuritaires définis dans le cadre du projet sont très élevés et se situent au-delà de ce qui est généralement recommandé dans le domaine de la protection contre les crues. L'évaluation des risques a conduit à une estimation des dommages largement supérieure à ceux provoqués par la crue d’octobre 2000, en particulier du fait du choix d'un scénario théorique de rupture complète des digues sur une très grande partie de leur linéaire. De plus, selon les experts les objectifs environnementaux ont été augmentés au-delà des objectifs initialement visés et attendus pour un tel projet. Ces différents éléments ont eu pour conséquence d’aboutir à un projet disproportionné dont l'impact sur le territoire est considérable et incompatible avec les exigences fédérales liées aux surfaces d’assolement (SDA) sur lesquelles l’emprise doit être limitée.
Concernant les coûts prévus par le projet, le rapport a relevé qu’ils n'incluent pas les montants de l'ordre de plusieurs centaines de millions de francs nécessaires à la réalisation prévue d'aménagements socio-économiques en relation avec le cours d'eau, à l’intégration d'infrastructures comme celles de mobilité douce, aux mesures suffisantes d’assainissement de sites pollués et aux frais d'entretien annuels du cours d'eau qui seront en augmentation après la réalisation des travaux.
Par ailleurs, il y a lieu de relever que depuis la décision du lancement du projet de la 3e correction du Rhône en 2000 et le début des travaux en 2009, le contexte a passablement évolué, notamment en lien avec le changement climatique, la gestion des risques ou encore le cadre légal et les recommandations en matière d’aménagement de cours d’eau. De plus, il y a lieu de tenir compte de l’expérience acquise depuis des années dans le cadre de la mise en œuvre du projet de la 3e correction du Rhône.
Par conséquent, le Conseil d’Etat a décidé d’engager une révision du projet de la 3e correction du Rhône et de son plan d'aménagement (PA-R3). Les données de base de protection contre les crues (par exemple l’état des digues, l’évaluation des débits, les scénarios de rupture de digues, les dommages potentiels ou l’inventaire des sites pollués) ainsi que les choix techniques doivent être réactualisés afin d’adapter le projet en intégrant une conception contemporaine de la sécurisation et de la revitalisation du cours d’eau. Il s’agira notamment de tenir compte de la gestion intégrée des risques et de l’ensemble du bassin versant, tout en considérant la gestion multifonctionnelle des barrages, le changement climatique, les aspects socio-économiques et financiers, les réalités territoriales de la plaine du Rhône et les contraintes légales. A cet effet, un groupe de travail a été chargé de diriger les travaux de révision et d’en établir un planning détaillé.
Dans ce contexte, les discussions avec les partenaires du projet vont se poursuivre et s’intensifier. Quant aux mesures en cours, un état des lieux de chacune d’entre elles doit être effectué afin de déterminer leur degré de priorité. Certaines continueront leur progression sans aucun changement alors que d’autres subiront des modifications mineures ou importantes en fonction des résultats de la révision des données de base.