L’adolescence, définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme la période de vie entre 10 et 19 ans, est marquée par des changements rapides et significatifs sur les plans physique, cognitif, émotionnel et social. Il s’agit également d’une période clé pour le développement de la santé mentale. Ces transformations rendent les jeunes particulièrement vulnérables à des comportements à risque, susceptibles de perdurer à l’âge adulte et d’entraîner des répercussions à long terme sur leur santé et leur bien-être futur. L’Observatoire valaisan de la santé (OVS) publie les résultats 2022 d’une enquête internationale relative à l’état de santé et aux comportements de santé des jeunes de 11 à 15 ans en Valais et en Suisse avec leur évolution depuis 2002.

Diminution de la consommation de substances psychoactives

Selon les résultats de l’enquête, la consommation d’alcool chez les jeunes valaisans est en baisse : 28 % des élèves en ont bu au cours des 30 jours précédant l’enquête (Suisse-CH : 20 %) contre 38 % en 2006 ; 23 % des élèves de 14-15 ans rapportent avoir consommé au cours des 30 derniers jours au moins cinq boissons alcoolisées (binge drinking) en une seule occasion (CH : 18 %), contre 40 % en 2010. La consommation de cannabis est également en diminution : en 2022, 17 % des élèves en ont consommé au moins une fois dans leur vie (CH : 15 %), contre 37 % en 2002. La consommation de cigarettes traditionnelles a diminué au cours des 20 dernières années : en 2022, 20 % des élèves ont fumé des cigarettes traditionnelles au moins une fois dans leur vie (CH : 15 %) contre 42 % en 2002. Néanmoins, l’usage des cigarettes électroniques, avec ou sans nicotine, a augmenté, avec 49 % des élèves de 14-15 ans ayant expérimenté les cigarettes électroniques (CH : 37 %) en 2022, contre 40 % en 2018.

Péjoration de la santé mentale

La majorité des élèves en Valais se considère comme étant en bonne santé, toutefois le sentiment de bien-être a diminué ces dernières années. En 2022, 86 % des élèves valaisans estiment être en bonne ou excellente santé (CH : 85 %), contre 90 % en 2002. De plus en plus d’élèves rapportent des symptômes psychoaffectifs (tristesse, mauvaise humeur, nervosité, anxiété ou inquiétude, être fâché ou en colère). En parallèle, la proportion de jeunes se déclarant peu ou pas satisfaits de leur existence a augmenté : en 2022, 10 % des élèves se disent peu ou pas satisfaits de leur existence (CH : 16 %), contre 5 % en 2002. Le stress lié au travail scolaire est également en hausse, avec 37 % des élèves qui se sentent stressés par le travail scolaire en 2022 (CH : 33 %), contre 25 % en 2002.

Utilisation des réseaux sociaux et harcèlement

Les élèves passent de plus en plus de temps en ligne. En 2022, près d’un sur dix présente une utilisation problématique des réseaux sociaux. 84 % des élèves déclarent être en ligne chaque jour (CH : 82 %), 68 % utilisent quotidiennement les réseaux sociaux (CH : 64 %) et 8 % ont un usage problématique des réseaux sociaux (CH : 7 %), contre 6 % en 2018. 23 % des élèves de 11 à 15 ans ont été harcelés à l’école au moins une fois dans les mois précédant l’enquête (CH : 20 %), contre 21 % en 2018. En ce qui concerne le cyber-harcèlement, 14 % des élèves en ont été victimes (CH : 11 %), contre 11 % en 2018.

Recommandations

Les résultats de l’étude le montrent, les consommations à risque sont supérieures chez les jeunes valaisans en comparaison avec la moyenne suisse, bien que l’écart se réduise sensiblement, en particulier pour l’alcool et le cannabis. Dès lors, bien que des mesures telles que l’interdiction de la publicité pour le tabac ou les programmes prévenant la consommation d’alcool chez les jeunes montrent leur efficacité et restent primordiales, il est impératif de développer des efforts en matière de promotion de la santé et prévention. L’extension de l’interdiction de la publicité aux produits nicotiniques, comme prévu dans la révision de la loi sur la santé, représente donc un pas dans la bonne direction. La surveillance de la santé psychique, la promotion de la résilience chez les jeunes, le développement des compétences numériques et la sensibilisation des parents et des enseignants à ces enjeux doivent être renforcés. C’est dans cette perspective que le canton s’est d’ailleurs doté d’une stratégie pour une éducation à un usage numérique responsable, qu’il soutient des dispositifs de lutte contre le harcèlement, et qu’il encourage aussi la mise en œuvre, dans les classes, d’approches soutenant le développement de compétences psychosociales et la gestion du stress. En outre, grâce à la poursuite du financement du programme d’action cantonal de promotion de la santé (2025-2028), le canton soutient notamment des mesures qui promeuvent la santé psychique des jeunes et favorisent le développement d’environnements favorables à la santé. Les investissements menés dans des structures pédopsychiatriques (CAP’Ado et urgence-crise) permettent donc d’améliorer la réponse à cette problématique.

Si toutes ces mesures ont un réel impact, les conclusions de ce rapport indiquent néanmoins qu’il est important de maintenir la mise en œuvre de ces différentes actions et de développer davantage de projets et de programmes en matière de promotion de la santé psychique pour les jeunes. Cette vision rejoint par ailleurs les recommandations du récent rapport du Conseil fédéral pour le renforcement de la santé psychique des enfants, des adolescents et des jeunes adultes.