Archéologie - Ouverture au public de la place Sous-le-Scex à Sion
Le projet de mise en valeur des découvertes archéologiques effectuées à Sion, Sous-le-Scex, est finalisé. Il fédère les intérêts de la Ville de Sion, du Canton du Valais et du monde scientifique, puisqu’il permet simultanément d’accueillir la population au sein d’un nouvel lieu de rencontre à l’écart de l’agitation urbaine et de promouvoir le patrimoine enfoui de Sion, haut lieu de l’archéologie en Suisse.
Le site de Sous-le-Scex
Situé près du centre historique de Sion, au sud de la colline de Valère, le site archéologique de Sous-le-Scex a acquis une renommée internationale et compte parmi les sites majeurs de l’arc alpin. Il constitue une référence incontournable pour comprendre l’évolution de la population sédunoise et valaisanne, toutes périodes confondues. Après plusieurs décennies de découvertes fortuites et de recherches planifiées, les vestiges mis au jour à Sous-le-Scex ont révélé des pans entiers de l’histoire sédunoise dont l’évolution s’étend sur près de sept millénaires, des environs de 5000 avant J.-C. jusqu’à l’éclosion des quartiers des Tanneries et de la Lombardie aux 14e et 15e siècles. Le point d’orgue des recherches a été la découverte en 1984 d’une église funéraire paléochrétienne du 5e siècle, parmi les mieux conservées d’Europe.
L’église paléochrétienne
En fonction jusqu’au 9e ou 10e siècle, cette église funéraire est construite selon un plan basilical : une grande salle de réunion couverte et dotée d’une abside. Utilisée au 5e siècle comme un cimetière couvert, sa fonction semble évoluer vers une vocation plus liturgique dès le 8e siècle. Plus de 1000 squelettes ont été retrouvés dans quelque 500 tombes, dont certaines réutilisées à plusieurs reprises. Les tombes ont livré peu de matériel – actuellement conservé au Musée d’histoire du Valais – le plus souvent des éléments d’attache de vêtement (boucles de ceinture, fibules ou agrafes), des parures ou des objets du quotidien (couteaux, poinçons, peignes). A partir du 10e siècle, le site de l’église funéraire a été délaissé. Le terrain est alors occupé par des vergers et des vignes. Il a conservé une affectation agricole jusque dans les années 1930, avant que l’urbanisation de la zone ne s’accélère et le transforme radicalement à partir des années 1980.
La mise en valeur du site : un nouvel lieu de rencontre à la disposition de tous
La mise au jour de la plus ancienne église funéraire de Suisse a soulevé, dès les années 1990, de nombreuses questions, tant au niveau du Canton qu’au sein de la Municipalité et de la population sédunoise. Fallait-il conserver ces vestiges archéologiques in situ et les intégrer dans le projet de réhabilitation plus vaste du quartier ? La question divisait. On opta finalement pour le remblaiement des vestiges afin de les protéger de l’usure du temps et garantir ainsi leur pérennité. Au début des années 2000, un concours d’architecture visant à mettre en valeur le
site déboucha sur la décision de marquer au sol l’emprise de l’église funéraire sur un lieu de rencontre et de disperser sur le site des plaques métalliques marquant la présence de tombes.
En 2016, le Service cantonal des bâtiments, monuments et archéologie, en collaboration avec la Ville, repensa l’aménagement du site de façon à l’intégrer dans la nouvelle place du Scex. Une promenade pavée et des marches d’escalier rendent désormais accessible le site, et pour que le public puisse s’approprier l’espace, des bancs en forme de fleurs ont été disposés autour de la place.
Deux ouvrages sortent de presse sur le sujet
L’ouvrage, « Sion, Sous-le-Scex (Valais, Suisse). III. Développement d’un quartier de la ville antique », plus directement destiné au monde scientifique, présente l’occupation du site durant la période romaine et analyse son évolution après son occupation par les Sédunes durant le Second âge du Fer, et préalablement à l’implantation de l’église funéraire. Un deuxième ouvrage, « Sion Sous-le-Scex – des millénaires d’histoire au pied de Valère », destiné à tout un chacun, résume les résultats obtenus par les recherches scientifiques et offre une vue d’ensemble du développement du site de Sous-le-Scex entre la fin du Néolithique et nos jours.